Pierre Gattaz sera aujourd’hui en visite en Corse. Dans l’entretien accordé à notre titre, le “patron des patrons” se dit impressionné par le dynamisme des chefs d’entreprise insulaires. Il évoque aussi leurs difficultés…
Visite de Pierre Gattaz en Corse : le numérique… by corse-matin
Que connaissez-vous de la Corse en général et de ses activités économiques en particulier ?
C’est la seconde fois que je viens en Corse et au-delà de l’image paradisiaque de son littoral et de ses montagnes la Corse est pour moi la plus belle île de la Méditerranée je suis impressionné par le dynamisme des chefs d’entreprise corses et par les ressources humaines et naturelles très prometteuses de l’île. Je pense notamment au développement de la filière numérique avec l’ouverture prochaine du Fab Lab Corsica ou des opportunités en matière d’énergies renouvelables, dont le développement de l’énergie solaire notamment.
“Nous subissons une fiscalité dissuasive et antiéconomique”
Le tissu économique est constitué par une écrasante majorité de TPE confrontées aux problèmes liés à l’insularité. Défendez-vous l’idée d’une fiscalité spécifique à la Corse de type zone franche ?
Je suis pour la clarté et la simplicité. Les niches fiscales ne font que masquer notre problème majeur : les entreprises françaises, qui sont les plus taxées de l’Union européenne, subissent une fiscalité dissuasive et antiéconomique. Plutôt que de créer une énième niche fiscale, il faut baisser les prélèvements obligatoires, taxes et impôts, et refonder notre système fiscal dans un objectif de baisse générale et de simplification.
Pour cela, il faut supprimer les taxes sur les facteurs de production et ramener l’impôt sur les sociétés dans la moyenne européenne 22 % en conservant le taux réduit pour les PME. Dans le même temps il faut constitutionnaliser la non-rétroactivité fiscale et stabiliser les dispositifs fiscaux en prévoyant une durée minimum d’application. Dans un tel contexte, les niches fiscales n’auraient plus aucune raison d’être.
Je fais une exception toutefois pour le Crédit d’impôt recherche, qui est un facteur de compétitivité plébiscité par tous les investisseurs, notamment étrangers, et qui doit être pérennisé. Bien entendu, il faut aussi savoir tenir compte des spécificités des territoires, notamment insulaires, mais dans une logique globale, pas dans une démarche d’exception. Ainsi, le crédit d’impôt sur l”investissement dont le Medef Corse a obtenu la prolongation jusqu’en 2020, est un véritable levier pour le développement des entreprises locales.